J'attends devant le comptoir décrépi d’une mairie.
Autrefois m'y a enjoint d'y venir voir.
A l’immense table du Conseil municipal livrée avec confiance
A ma curiosité, mon coeur est comme une soucoupe,
Il baîlle d'étonnement.
Les heures s’écoulent sans bruit, sans se faire remarquer.
Une hébétude heureuse règne dans ce monde à mi-chemin du rêve
Aux effluves de vies pourchassées, éteintes dans un autre siècle.
Les lourdes tentures bleu-gris filtrent la lumière
Une atmosphère douce repose les choses.
Le soleil écarte à peine d’un ongle brillant la torpeur alentour.
Les vieux livres s’étalent et s’offrent
L’écriture appliquée court avec fluidité
sur les pages tachetées de vieillesse
Comme la parole d’ancêtres livrant avec parcimonie
l’effleurement d’un secret.
Je tends l’oreille à ces mots murmurés par la plume
Je demande « Plus fort Grand-père. Je n’entend pas bien. »
Mais le murmure continue presqu’indistinct.
C’est bien connu, les vieux n’en font qu’à leur tête.
Photo Dan Rodgerson