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Entête31.01.2010

 

 

 

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Les mots

 

Les mots sont des bulles de savon

Fragiles et tendres

Des papillons

Avec des ailes légères

Il y en a qui sont cuirassés aussi

Ils explosent et laissent des éclats dans la chair

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7 janvier 2011 5 07 /01 /janvier /2011 01:00

 

 

 

 

Depuis son lit, elle se voit. Elle se tient debout, le front appuyé à la fenêtre. La pénombre du soir hivernal l’enrobe d’un halo bleuté. Quelques flocons arrivent de là-haut, tout là-haut sans précipitation. Ils teintent la nuit encore claire de pétales blancs.

 

Cela fait quelques heures qu’elle est couchée.

 

Quand elle s’était réveillée, tout lui avait paru normal.

 

Mais son souffle rauque avait commencé par attirer son attention.

Puis le rythme de sa respiration hachée, qui s’était faite douloureuse.


 Elle avait voulu allumer la lampe de chevet, prendre le verre d’eau sur la table de nuit. Elle n’avait pu déplacer son bras. Mais elle l’avait vu s’approcher du verre alors même qu’il était allongé le long de son corps sur le lit.

 

 


Elle avait peur maintenant. Elle voulait appeler. Que quelqu’un vienne, la rassure. Qu’on lui donne des médicaments pour cette poitrine qui brûlait. Qu’on lui explique ce qui se passait.


Elle tentait de toute sa faible vigueur d’appeler. On ne lui répondait pas.

Elle même n’entendait pas le son de sa voix. Les mots se formaient seulement dans sa tête. Ses oreilles ne percevaient que le sifflement qui s’échappait des ses poumons de plus en plus rapide et bref.


 Des pas vifs arrivaient dans le couloir. Bien qu’elle ne pût tourner la tête, ses yeux se portèrent au niveau de la porte de la chambre. Elle était entrebâillée. On ne pouvait voir le couloir de son lit. Mais elle vit la silhouette rose passer sans s’arrêter, sans jeter un coup d’œil.


Elle avait crié de toute la force du silence.

Le silence qui régnait maintenant opaque dans la chambre. Le sifflement de ses poumons s’était tu.

 


Elle était restée de longues minutes, yeux grands ouverts à sentir la présence des murs, la masse des meubles, la qualité des matières. Elle apprivoisait ces sensations, s’approchant à distance de la chaise,  de la table, puis de la potence. Elle écoutait son corps qui s’était tu, ressentait ses muscles qui ne respiraient plus, ses veines qui ne s’écoulaient plus.

 

Elle avait enfin dirigé son attention vers la fenêtre bleue aux pétales blancs qui descendent de là-haut, tout là-haut. Elle s’était vue debout là-bas, sa natte dans le dos.


« Tiens, mais où est passé mon pyjamas d’hôpital ? »

 

 

 

Pétales-blancsUne illustration de :   A lot of tralala 

 

 

Une histoire inspirée par la proposition du   blog à mille mains

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commentaires

B
<br /> J'ai posté ce commentaire sur le blog à mille mains, je le mets aussi ici.<br /> <br /> Bravo, je suis rentré dans le texte et je ne l'ai pas lâché. Même après plusieurs lectures, on est dedans, on voit la scène.<br /> <br /> Un micro point de détail, parce que je suis un gars qui cherche toujours la petite bête, pour ta chute, quasiment à chaque fois qu'elle découvre un truc nouveau dans ton texte, c'est après avoir eu<br /> une sensation (un bruit, une douleur...). Ta chute n'arrive pas après ce petit truc, elle est juste là.<br /> En disant, par exemple "sa natte frottant son dos" au lieu de "sa natte dans son dos", on retrouverait le même genre d'enchaînement que précédemment.<br /> Mais bon, c'est vraiment un tout petit truc ridicule, autrement c'était très bien (à mon pas du tout humble avis).<br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> Je te remercie beaucoup pour ton enthousiasme et tes recommandations techniques.<br /> <br /> <br /> <br />
I
<br /> C'est un texte très fort, angoissant mais vraiment bien écrit. Il me rappelle de plus un cauchemard dans lequel je me voyait allongée sans possibilité de bouger ni de crier... ! bon je vais aller<br /> en lire d'autres ! et grand mercie pour tes commentaires.<br /> <br /> <br />
Répondre
L
<br /> <br /> J'ai écris ce texte sans en connaitre l'histoire. J'écris comme je peins, sans anticiper. L'histoire nait sous la plume comme le tableau s'écrit sous le pinceau. Je ne me suis pas rendue compte<br /> que l'histoire pouvait être angoissante. Je découvrais ce qui se passait au fur et à mesure et étais intriguée par ce corps qui se vidait de ses mouvements et se figeait mais vivait par ailleurs<br /> de façon visuelle pour la petite fille. Je ne peux pas parler de mort mais d'un corps qui s'est arrêté pendant qu'une vie mystérieuse s'anime.<br /> <br /> <br /> <br />
H
<br /> La question que te pose Quichottine serait la même...<br /> Mais la chute suggère autre chose, non?<br /> L'angoisse en est palpable.<br /> Bon début de semaine,<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Autre chose, oui...<br /> <br /> <br /> Etrangeté inconnu<br /> <br /> <br /> Ouvert sur l'imaginaire<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
L
<br /> Merci pour cette participation. Je viens de mettre ton texte en ligne.<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Merci<br /> <br /> <br /> <br />
S
<br /> Allo Marie, j'adore ce genre de textes un peu trouble, où on ne sait pas trop où l'on nage, ici ou là-bas. À se demander si ce n'est pas la même personne qui dessine et écrit. L'illustration est<br /> très belle. Merci. Bisous<br /> <br /> <br />
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L
<br /> <br /> Tu as raison : où sommes-nous exactement ?<br /> <br /> <br /> <br />