- J’ai pris une allée transversale à bonne distance du porche
comme si je me rendais à une autre tombe. Je suis arrivée
à une rangée d’ifs, tu sais, ces arbres tout droits qui ont de
la verdure jusqu’au sol. Je les ai contournés puis je les ai
longés. J’étais ainsi à l’abri des regards du mastodonte.
Le petit garçon pousse un sifflement admiratif.
- Mais comment tu as fais pour sortir ?
- J’ai enfilé ma peau de chat.
- Oh ! Tu me la montres !
- Je ne peux pas. J'aurais tant aimé !
Quelqu’un a dû me la prendre dans le bus. Je ne la trouve plus.
- On ira la chercher, dit !
- Si tu veux on pourra refaire le trajet et aller demander
à la Compagnie des bus.
- Qu'est-ce que t'as fait avec ta peau de chat ?
- C'est comme si j'étais devenue un chat. J’ai sauté sur une borne
haute de 2 mètres qui maintient les grilles et je me suis retrouvée
dans la rue.
- Et après ? dit le petit garçon, les yeux pleins d’étoiles.
- Je me suis cachée derrière la calogette du concierge et j’ai enfilé
mes habits. Je devais aller prendre le bus juste sous le nez du
molosse. J’étais obligée de me changer. Le chauffeur n’aurait pas
laissé entrer un chat.
- Mais arrivée dans le bus, ma peau de chat que j'avais rangée
dans mon petit sac façon Marry Poppins s’est mise à miauler
tout ce qu’elle savait.
Le petit garçon ouvre des yeux ahuris.
- Les gens me regardait d’une drôle de façon !
...Dis, on pourrait regarder ces illustrations que ton arrière
grand-mère nous envoie à travers le temps.
Le petit garçon lit avec application le nom de l'auteur Félix Félain.
-Tiens, je n'ai jamais entendu ce nom. On pourra aller se renseigner
à la bibliothèque.
- Tu as vu la Chatte avec sa cape. Elle est en train de sauter une
grille !
- Je sens que cette histoire va être passionnante !