Chapitre 1
Il était une fois un grand-père.
On l’appelait grand-père Muller. Quand il était petit, c'était plutôt Roger. Il habitait une drôle de petite maison haute comme cinq pommes. Elle était sertie de crayons de couleur qui faisaient des dessins sur sa façade et constituaient son armature.
Joël Lintz - Image 3D - Photographie
Son grand-père et son père, comme tous les hommes de la famille depuis, oh ! bien longtemps, tenaient le moulin du canton.
Un jour, plus personne n'apporta de blé au moulin. Le maïs, que les paysans avaient été très nombreux à planter, avait transformé la campagne en épi géant.
Elle avait pris une teinte jaunâtre et rien n'arrivait plus
au vieux moulin.
Quand le grand-père et le père de Roger partaient au moulin le matin, ils le voyaient construire de drôles de petites maisons hautes comme cinq pommes à l'aide de boites d'allumettes. On retrouvait, aux endroits les plus insolites, des petits tas d'allumettes. Roger avait besoin de boites pour ses constructions. Il oubliait les petits tas d’allumettes de-ci de-là.
Son grand père et son père, quand ils rentraient le soir du moulin, le trouvaient invariablement un crayon à la main.
Il dessinait la petite maison qu'il avait construite mais aussi les chaussures du dimanche juchées au milieu de la table sur une feuille de journal ou encore la bassine à vaisselle verte posée à l’envers ou à l’endroit. Il y avait juché la lampe du bureau orné d'un ruban déniché dans la corbeille à couture. De ces éléments reproduits avec soin, il était ensuite passé à l'invention d'un monde fantastique.
"Que font mes chaussures sur la table !" disait le grand-père décontenancé mi courroucé mi-amusé.
Il n’ajoutait rien. Grand-mère Muller était passée par là.
« Mets un journal sous les chaussures, petit, si tu ne veux pas te faire gronder.
Le père ajoutait
"Heureusement qu'il y a le moulin ! C'est un rêveur que celui-ci ! On n'en aurait rien fait."
Alors que Roger avait déjà un peu grandi arriva un Monsieur qui demanda à parler au grand-père. Roger tendait son oreille curieuse. Mais les deux Messieurs s'étaient enfermés dans le salon. Roger n'entendait que le bruit de leur voix.
Cependant, au bout d’un long moment, il entendit :
"Roger ! Viens !"
Joël m'a envoyé son dessin en 3 D.
J'ai reçu dans ma boite mail cette drôle de petite maison
poussée comme une asperge au milieu de nulle part
avec ses colombages alsaciens et son grand-père.
J'ai senti le mouvement des mes roues dentées s'emballer
et m'enjoindre de me saisir de mon clavier d'ordinateur
qui alignait sous mes yeux sa page blanche.
Joël est photographe. Il est à la recherche de techniques de photographie anciennes et naturelles.
Il explore actuellement les possibilités du développement avec du jus de plantes écrasées telle l'herbe de son gazon.
Il crée aussi une autre photographie, oeuvre d'art originale. Univers qui porte au rêve.
Allez à la découverte de ses mondes vaporeux : Joël Lintz
Le monde au bout du crayon se déroule en quatre épisodes.
J'en propose un chaque jour.
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Je pars environ pour une semaine. Je n'aurai peut-être pas facilement l'occasion de vous écrire.
Je vous souhaite un bon voyage au bout du crayon.