Ce matin,
j’accompagnai
mon homme à
la boulangerie
Ou
Ce matin,
mon homme
m’accompagna
à la boulangerie.
C’est comme vous voulez,
choisissez votre point de vue.
Ce sera le bon.
Nous avions,
ou plutôt,
j’avais commandé des männele.
Demain, ce sera Saint Nicolas.
Et chez nous,
en Alsace,
nous fêtons dignement cet évènement.
Nous avons décidé
de faire la fête aujourd’hui.
C’est plus facile
à tout le monde de se réunir un dimanche
plutôt qu’un lundi.
Ce matin,
nous avons émergé
des brumes ensommeillées tard.
Nous arrivons à la boulangerie à 11h30.
Les derniers clients
de la matinée s'y pressent.
J’explore les rayons vides
et repère les dernières baguettes.
Je scrute les deux clientes
qui nous précèdent :
nous restera-t-il quelque chose ?
- Une baguette aux graines et votre dernière baguette normale, s’il vous plait.
- Et puis les männele que j’ai commandés.
Nous allons nous en régaler ce soir
avec un
bon chocolat chaud
réalisé avec du chocolat noir pâtissier
fondu dans le lait.
Le tout accompagné de mandarines.
Sur une table
Vêtue de la nappe de fête.
Les bougies diffuseront cette lumière
Des moments de partage heureux
et renverront leur éclat
Dans les yeux brillants.
Un mouvement attire
mon regard derrière moi.
Mon homme prend un plaisir heureux
à donner des indications culinaires
à une jeune femme rondouillette.
En un instant,
la boulangerie est suspendue à ses lèvres.
Une atmosphère joyeuse
se propage sur les visages
de ces femmes de tous âges
qui dégustent la bonne recette.
Les sourires d'amusement
circulent en une ronde alerte;
C'est comme si chacun le passait à
l'autre, l'attrapait et le renvoyait.
Nous échangeons
un regard complice, la boulangère et moi.
- C’est quelle recette ? me demande-t-elle
- La blanquette de veau.
-C’est toujours bon à prendre.
Nous rions avec connivence en voyant le gai succès que se
taille mon homme.
Il use de son charme bon enfant
inimitable.
- Je vous donnerais bien une recette de
quenelles, mais nous n’avons plus le temps.
Ce sera pour une prochaine fois.
Je me retourne.
Je m’aperçois que deux nouveaux clients
sont entrés.
Les rayonnages sont vides.
Mais la boulangerie déborde.
Et ces messieurs, arrivés bons derniers,
arborent un air sévère.
Ils ne connaitront jamais le secret
de la blanquette de veau.
Une fois dehors,
Mon homme me dit :
« J’aime bien partager ce que je sais. »