Mai. Pour la première année, depuis des années,
je peux partir.
Le verger, aire naturelle de camping, résonne
des seuls cris des oiseaux.
Le chant de la rivière les accompagne.
Cela fait deux mois que la pluie n’a pas abreuvé le sol.
C’est agréable cet été au printemps. Le ciel rayonne.
Un éclat de lumière se pose sur le monde.
Le fermier arrose à grands jets de rivière
le pied de ses noyers.
Cela fait des tchacs, tchacs qui égrènent les secondes.
Le cours d’eau se résorbe sous l’ardeur des rayons du soleil.
Les algues à fleur d’air se sont parées de pétales blancs.
De mémoire d’autochtones, on n’avait jamais vu ça.
Je sors mon chevalet de sous la toile.
Il entre à peine sous la tente quand ses jambes d’échassier
sont repliées.
Un chevalet, ça ne dort pas dehors.
Je peins mes paysages intérieurs.
Ici, le temps s’est arrêté.
Un enfant, l’été dernier, a laissé sa sandale.