Projetée en pleine forêt durant mon sommeil,
je suis un chemin tiraillée par des forces contraires.
Soudain,
cinq minuscules gamins de 20 cms de haut se campent autour de moi
usant d'une force étrange pour me contraindre.
Je sentis un étau autour de moi. Je regardais les garçons avec étonnement. Que me voulaient-ils ?
Un coup de basson traversa mon cerveau :
« Suis-nous »
J’hésitais un instant. Je ressentis la force se durcir
autour de mon corps.
Je décidais de les suivre sans chercher l’affrontement.
Je voulais comprendre la raison de leur hostilité.
Ensuite, je déciderai si je tentais la fuite.
Mais il ne me semblait plus aussi simple d’y parvenir.
Etais-je vraiment le maître ?
Très rapidement,
portés de cette façon inconnue
qui leur était propre,
nous arrivâmes sur une plage.
Devant nous, se dressait une falaise.
J’habitais à 150 kilomètres de la mer.
Comment le petit peuple avait-il réussi
à m’amener au bord de la mer ?
Les cinq enfants me bousculaient
sans me toucher
pour que je m’achemine vers la falaise.
Nous contournâmes un éboulis de rochers
et nous introduisîmes
entre deux monticules élevés.
Parvenue à une fente cachée de la falaise,
je dus me plaquer contre la paroi,
le visage à deux centimètres de la roche
et opérer une souple reptation du corps
pour pénétrer à l’intérieur du rocher
dans un boyau aux dimensions plus respectables.
Tout au long de notre marche,
la roche s’allumait
faiblement
de cette même lumière chaude
qui éclairait la grotte hier soir.
Au bout de quelques dizaines de mètres,
nous débouchâmes dans une pièce de petite dimension.
Quelques petits fauteuils meublaient la grotte.
Un siège adapté à ma taille était également présent.
Ils m’attendaient.
Ou bien un autre adulte.
Je m’assis et regardai mes compagnons.
Malgré la fermeté avec laquelle
ils m’imposaient leur volonté,
je ne pouvais les considérer en ennemis.
Leur hostilité pour une raison
que j’ignorais ne me menaçait pas.
Une contrebasse me peignit la situation.
C’était Danoci qui m’expliquait sa vie d’avant.
Il me parla de sa naissance
au sein d’une famille pauvre.
Le père et la mère travaillaient
dans une fabrique de boutons de nacre.
La concurrence avait fait péricliter le secteur.
Le chômage avait massivement
touché les familles.
Le père s’embaucha alors
dans les fermes
quand il y avait un coup de main à donner.
La mère obtenait de temps en temps
un travail de petite main.
Il y avait des jours où le seul repas était
un bouillon d’eau avec une carotte.
Le ventre se tordait.
Le père, humilié, devenait mauvais.