Tandis que je caresse d'un poil ferme lustré
Le grain rude du trottoir,
Madame Miche s'agite.
Elle me meut avec énergie
M’imprime des secousses revigorantes
Rythmées par ses conversations
De part et d'autre de la rue.
La cinquantaine, le fichu enfoncé sur les oreilles,
Elle échange des propos définitifs
Avec les ménagères des numéros pairs.
" C'est au brillant du trottoir
Que l'on reconnait la bonne épouse"
Lance-t-elle.
Courroucé par si peu de reconnaissance,
Je décide de lui montrer l'importance du balai dans tout cela.
Mes poils s'effritent et s’amollissent.
Madame Miche s’effondre un peu sur moi.
Peine perdue.
"Mon balai a fait son temps s'exclame-t-elle.
Preuve de la vigueur de mon bras.
Je vais devoir le remplacer."