J’ai cherché ton nom
Avec assiduité et passion.
J’ai feuilleté de vieux grimoires
Et de nombreuses pages récentes.
En vain.
Je t’ai photographié.
Par-dessus, par derrière, de côté.
J’ai installé le lampadaire et le projecteur.
Pour mieux cerner les subtilités de ta carapace.
En vain.
Tu aurais pu être cet amoureux des vieilles charpentes
Ou ce gourmet de la farine.
Mais non. Rien à faire.
L’énigme est restée complète.
Je t’ai inventé un nom : l’Enigmatique Ténébreux.
Je t’ai inventé une histoire.
Pondu par ta mère, dans une minoterie
Du Moyen Orient,
Tu es né en plein océan.
Caché au fond d’un sac de jute,
Tu as été transféré dans un paquet de farine
De la cale du bateau,
A l’arrière du camion,
De l’entrepôt au rayon du marchand
Tu es arrivé dans mon placard.
Tu t’es glissé à l’extérieur.
Tu es allé flairer les céréales
Qui sépare le plafond de ma cuisine
Du plancher de mon grenier.
Tu as appris beaucoup de chose
Sur la vie de cette maison auprès des graines
Qui servent de couvercle au rez-de-chaussée
De ma vieille maison.
Tu as essayé de m’expliquer
Ce que tu avais appris.
Mais je n’avais de cesse
Que d’effeuiller mes livres
En quête de ton nom.
Lassé de mes investigations stériles,
Tu es parti à la quête de la boulangerie
Goûter ces farines aux odeurs prometteuses :
« Fleur d’été », « Graines parfumés »,
« Goût de lin ».
Peut-être as-tu trouvé là-bas une oreille
Plus empressée. Je ne t’ai plus revu.
Pour moi, tu restes l’Enigmatique Ténébreux.