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Enfourcher mon balai
Elle revint de temps en temps.
Et puis, les parents décidèrent
d’aller vivre dans une résidence.
Je n’ai pas bien compris.
Ils n’auraient plus à faire la cuisine.
Allaient-ils arrêter de manger ?
Je voyais la maman de ma petite maîtresse
qui avait bien grandi
tenir avec de plus en plus de difficulté
l’aspirateur.
De temps en temps,
elle essayait de redresser
son dos légèrement courbé en disant :
« On ne rajeunit pas ! »
J’entendais le père de ma petite maîtresse
qui avait bien grandi
proférer des mots qui grognent,
parce qu’il n’y arrivait plus,
parce que,
plus maladroit,
il s’était cogné,
parce qu’il n’y voyait plus aussi bien
et que changer de lunettes,
c’était bien contrariant.
*
*
*
*
*
Les parents se faisaient vieux.
* * *
Ma petite maîtresse arriva,
un jour,
accompagnée de Biensoutourapor
qui avait laissé tomber la veste.
Il portait des cartons à reconstituer.
Elle,
elle avait le gros scotch marron.
Ils ouvrirent le placard
que le père avait réalisé du temps
où ses doigts encore jeunes galopaient agilement.
Ils sortirent un à un les trésors
que ma petite maîtresse
bien plus grande que petite
y avait patiemment rangé au fil des ans.
Organisée,
elle disposa chaque paquet sur le sol.
La chambre était emplie.
Il devenait difficile
de cheminer jusqu’à la porte.
Elle commença à partager
les vestiges de son enfance
en deux tas :
" Là, dit-elle,
cécequejegarde,
et ça
cécequejedonne."
Tandis que ma petite maîtresse
s’absentait avec Biensoutourapor,
je fixai intensément
les Matriochkas gigognes
– comme ce nom venu du froid m’a fait rêver !
Je désirai si fort les voir de près
que mes yeux en sortaient
presque du cadre.
Répondant à mon appel,
elles se soulevèrent doucement
et approchèrent d’un mètre
avant de retomber brutalement par terre.
Elles avaient entendu
la voix de ma petite maîtresse
plus petite du tout.
Constatant qu’elle ne revenait pas,
nous recommençâmes
notre processus de rapprochement gravitationnel.
Après quelques efforts réitérés,
les Matriochkas avaient traversé
la grande plaine encombrée de rochers
et étaient arrivées
sur la moyenne colline dite Dulit.
Il s’agissait désormais
de les amener et
de les maintenir
au point de vue de Mésyeux.
Je tenais les yeux baissés
vers Matriochka
dans un effort intense
et je la sentis grandir, grandir, grandir
jusqu’à ce que ses yeux
soient à la hauteur des miens.
Alors nos regards exprimèrent
toute la blancheur des steppes d’Asie Centrale
et la chaleur des isbas,
l’arôme du café au lait au sortir du sommeil
et la saveur des bêtises de cambrai.
J’allais évoquer les ocres de Roussillon,
Matriochka brûlait de me présenter la grande Catherine
quand nous entendîmes
les pas de ma petite maîtresse
devenue très grande qui approchaient.
Matriochka,
lâchée par mon regard
se dissolut en un instant
et retrouva sa taille habituelle.
J’avais des pouvoirs magiques !
Pourquoi n’en savais-je rien ?
Mon créateur n’avait-il pas eu conscience
du génie de sa création ?
Cela faisait 20 ans que mon pouvoir dormait
au fond de mes yeux
modestement baissés !
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