Une des questions existentielles du peintre amateur tourne autour de
l'aménagement d'une portion d'atelier au mileu du salon, de la chambre à
coucher ou sur le balcon. La question est plus simple pour ceux
qui travaillent uniquement en extérieur, sauf peut-être en hiver.
Je squatte une chambre. Elle devait être
libérée. Mais les enfants ont une attirance
récidivante pour la maison. Cette pièce, qui
n'est plus tout-à-fait une chambre à
coucheret n'est pas tout-à-fait un atelier,
n'est jamais tout-à-fait vide de locataire
malgré tous nos efforts pour la jouer parents à la Tanguy. On trouve
chaussons, pyjamas, sacs au mileu de l'atelier. Il traîne des tâches de
peinture et des tableaux qui sèchent dans la chambre.
La peinture, pour le peintre, a une importance primordiale.
On la trouve dans les tubes, sur la palette, sur les pinceaux,
dans le white spirit de nettoyage, sur les chiffons et ...
sur la toile.
Chez moi, on la trouve également sur la planche de travail,
sur le chevalet, sur le sol, sur mon visage, sur ma blouse maculée.
J'ai donc étalé et scotché un grand plastique au sol.
Il y a quelques jours, l'idée a été lancée : pourquoi
pas une chute de lino pour éviter les chutes dans le
plastique ?
Hier, j'ai manqué m'étaler dans les déchirures
descotchées.
Cet après-midi, je prends les choses en main.
Je téléphone aux magasins de bricolage ayant
pignon sur France et je me rabats sur un
Hyper quelquechose à bas prix. Accompagnée de mon chevalier servant qui
arbore fièrement le rouleau bleu qui va désormais parer l'ancienl ino brun
à demeure.
Je suis rattrapée par l'un de mes assortiments privilégiés,
le bleu et le brun.
Ils vont se cotôyer pour constituer la base
de mes ébâts picturaux. Et je pourrai désormais joncher
le sol de tâches de couleurs multiples sans craindre
l'exaspération pondérée du propriétaire des lieux,
qui comprend qu'une ponceuse en action fasse inexorablement
du bruit mais tolère difficilement
qu'un peintre en marche fasse des tâches.
Cependant que j'écris ces mots me vient une interrogation douloureuse.
Mes pieds évoluant parmi les tâches de peinture
dont j'aurai joyeusement jonché le lino bleu
- Quelle belle cacophonie -
auront le mauvais goût d'en enduire la semelle de mes chaussons .
Comment alors sortir de mon atelier ?
Voulez-vous jouer avec moi ?
Une structure intrigante. Est-ce :
- Un détail de costume de scène ?
- Des éponges de toilette ?
- Des couvertures stroumpfs ?
- Un champs de laitue bleui par le refroidissement climatique ?
- Vous avez une meilleure idée ?
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