Alors le ciel se couvrit de rouge embrasé
Les oranges et le jaune d'or s'en mêlèrent
On eut dit un grand brasier
Le sommet des montagnes se mit à bouillonner
Les jours succèdèrent aux jours,
Les bouillons s'asséchèrent
Ils formèrent des myriades de cratères noirs.
Les pierres qui parsemaient les pentes fondirent
Les flancs ressemblèrent à une immense dalle de chaux
Crevée de bulles pétrifiées
Les arbres se transformèrent en braises.
Par endroit, quelques dérisoires morceaux de charbon de bois.
Les fleuves, les rivières, les lacs s'évaporèrent.
Ils formèrent bientôt une strate nuageuse dense rougeâtre.
De vie, plus aucune trace sensible.
Il plut.
Les jours succèdèrent aux jours.
L'eau recouvrit tout sur de grandes profondeurs.
L'assemblée des sages se concertait.
Etait-ce vraiment sur cette planète qu'il fallait renouveler l'expérience?
Quelle composante chimique ajouter ou soustraire cette fois-ci ?
Et si la composition retenue donnait naissance à une espèce plus intelligente
mais aussi plus mégalomane et cupide ?
La réunion se situait quelque part au-dessus de la planète en observation.
Il faisait chaud. Le brasier solaire s'en donnait à coeur joie.
Les sages transpiraient.
Les gouttes de leur sueur tombaient dans l'immensité aqueuse
qui attendait le verdict de l'assemblée.
Un petit bouillonnement jaune rosé apparut à la surface.
Les sages se concertèrent, l'air désemparé.
"La vie s'est encore jouée de nous" dit le plus vieux.
Et ils se séparèrent.